• par Daniel SOULAT

    29 octobre 2020

     

    1/ Le Séparatisme

    Définition Larousse : Attitude, tendance à sortir d'un ensemble national et à former une entité politique distincte de l'État d'origine.

    Définition Wikipédia : Il peut être utilisé dans la situation suivante :

    • en politique, la séparation est l’acte d’une région qui se détache d’un État. Elle diffère de la sécession et de l’indépendantisme.

    2/ La Sécession

    Définition Larousse : Action menée par une fraction de la population d'un État en vue de se séparer, de façon pacifique ou violente, de la collectivité nationale pour former un État distinct ou se réunir à un autre.

    Définition Wikipédia : La Sécession est l'acte politique consistant, pour la population d'un territoire ou de plusieurs territoires déterminés, à se séparer officiellement et volontairement du reste de l'État ou de la fédération à laquelle elle appartenait jusqu'alors. La sécession s'emploie aussi en usage de guerre.

    • en religion, le Schisme est la rupture dans la communion ecclésiale. Dans le cas du christianisme, on trouve notamment les deux grands schismes, mais le mot séparatisme réfère de manière plus particulière aux dissidents anglais du xviiie  siècle. 

    3/ La Sédition

    Définition Larousse : Autrefois, soulèvement concerté et préparé contre l'autorité établie. (Il s'agissait d'un crime contre la sûreté de l'État.). Aujourd'hui, attentat, complot, mouvement insurrectionnel.

    Définition Wikipédia : La Sédition est synonyme d'incitation à l'émeute, à la révolte et au soulèvement contre la puissance établie. Dans nombre de pays anglo-saxons, il s'agit d'une qualification juridique faisant référence à des écrits, discours ou organisations qui sont considérés par la justice comme incitant à l'insurrection contre l'ordre établi.

    Personnellement je préfère le terme Sédition avec la définition du Larousse qui correspondrait mieux que le terme Séparatisme qui serait employé pour définir une loi sur le terrorisme.

    « Mal nommer un objet, c'est ajouter au malheur de ce monde. » Albert Camus

     Je n’irai pas jusque là, j’utiliserai la formule « Mal nommer les choses c’est la porte ouverte aux interprétations et aux conflits ».

     

     


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  • Pierre MARSAL

    24 octobre 2020

     

    Ce qu’il y a peut-être de plus étonnant dans cette pandémie de Covid-19 qui est en train de bouleverser la santé, l’économie, la société humaine planétaire, en bref tout notre écoumène, c’est que personne ne s’interroge plus avant sur son responsable, le SARS-CoV-2.
    Quoi ! Une petite bricole, de quelques dizaines de nanomètres, de structure très élémentaire, incapable de se déplacer par ses propres moyens, cette petite chose serait capable sinon de ruiner, du moins de mettre à genoux une puissante civilisation d’êtres organisés et intelligents ! Elle nous tomberait dessus par hasard comme la tuile d’un toit ? Et de se gargariser de poncifs « petite cause, grands effets ».
    C’est trop simple.
    Osons une provocation : et si le virus était porteur d’un projet ? Celui de croître et de se multiplier. Après tout Spinoza nous a appris que toute chose qui existe possède un conatus. C’est-à-dire qu’elle s’efforce « à persévérer dans son être ». Cette puissance propre à tout étant est particulièrement notable chez les êtres vivants : leur métabolisme garantit leur survie individuelle, leur reproduction assure la pérennité de leur espèce, leurs mutations permettent l’adaptation de celle-ci à des conditions de milieu changeantes. C’est bien ce qui se produit avec les virus.
    La question de savoir si un virus est un être vivant ou non aujourd’hui a perdu de sa pertinence. Les plus récentes découvertes de la biologie obligent à réexaminer la définition du vivant : il n’y a pas de frontière marquée entre vie et non-vie. Ainsi les virus se comportent-ils tout comme les parasites vivants qui ont besoin d’être hébergés dans d’autres vivants pour croître et se multiplier. Ainsi trouve-t-on des virus géants comme le Mimivirus et surtout le Pandoravirus bien plus gros et complexes que bien des bactéries vivantes.
    Cette constatation laisse à penser que les virus seraient une autre branche de l’organisation de la matière, très tôt intervenue à côté des autres branches qui constituent ce qu’on a coutume de qualifier de « vivant ». Incidemment cela pose des questions quasi métaphysiques comme de s’interroger s’il n’y aurait pas d’autres formes possibles, inconnues sur notre Terre. D’autres « vivants ». Si elle est confirmée la découverte de phosphine, gaz produit sur terre par des bactéries, dans la haute atmosphère de Vénus, pose cette question.
    Le conatus des êtres vivants intrigue les philosophes. Certains l’expliquent par l’intervention d’une cause finale : c’est la téléologie d’Aristote, souvent religieuse même si elle se veut scientifiquement fondée comme chez Teilhard de Chardin et son point Oméga. Mais cette explication est trop finaliste. Des scientifiques, darwinistes ou matérialistes comme Jacques Monod préfèrent évoquer la téléonomie (1) : il n’y a pas de cause finale, pas de Dessein intelligent, mais l’illusion d’une convergence dans la mesure où de mêmes causes provoquent des effets similaires1. Pour Bergson, la cause n’était pas finale mais initiale : c’est l’élan vital (métaphore du vent qui s’engouffre dans un carrefour).

    Qu’importe si l’existence, l’émergence, l’évolution du (des) virus s’analyse dans l’un ou l’autre de ces registres d’explication. Toujours est-il qu’on est bien obligés de s’interroger. Ce serait le degré zéro de la réflexion que de penser que « c’est la faute à pas de chance » ou que « c’est comme ça parce que c’est comme ça ». A l’autre extrême on pourrait invoquer une punition divine ou encore une intentionnalité du virus c’est-à-dire un acte de cette entité constituant une intelligence collective.
    Mais je dois lire trop de livres de SF !

     

    (1) La téléologie est une croyance. Croyance qu'il existe des causes finales (télos) : « c'est Ecrit ». La téléonomie est une métaphore : tout ce passe comme si. La première est de l'ordre du religieux, la seconde du scientifique. En fait la téléonomie est à la téléologie ce que astronomie est à l’astrologie.


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  • Pierre MARSAL

    30 septembre 2020

     

    A l’origine de cette petite note, un constat irritant : alors que de plus en plus de chercheurs collaborent harmonieusement au sein d’équipes pluridisciplinaires, certaines personnes, dont le savoir ou les compétences scientifiques ne sont pas minces, persistent à établir une hiérarchie entre les disciplines. Il y aurait des « sciences dures » et des « sciences molles » (ou, moins péjorativement, « douces »). En gros, d’un côté les sciences formelles, les sciences de la nature, de l’autre les sciences humaines et sociales (SHS). Qu’est-il essentiellement reproché aux SHS, qui pourtant utilisent souvent des outils mathématiques et statistiques sophistiqués ? Ce serait leur incapacité à établir des prévisions certaines.
    On cite en contrepoint la physique quantique (PQ), exemple extrême, qui est devenue la discipline la plus précise de tous les temps (au moins une dizaine de chiffres significatifs après la virgule !). Certes.
    Mais est-ce la capacité de prévision qui caractérise une science ? Ce serait plutôt son aptitude à appréhender, à comprendre, le monde qui nous entoure et auquel nous participons. Comprendre (prendre avec), c’est-à-dire avoir la capacité de relier entre eux les phénomènes que l’on observe, projeter sur eux une grille de lecture.


    Pour y voir clair il faut se rapporter à Husserl qui, en 1936, publia un ouvrage qui fit date, « La crise des sciences européennes » (ou Krisis). Il met notamment en cause la mathématisation des sciences de la nature développée par Galilée et la sacralisation de la science newtonienne. Pour lui, calculer et prévoir ce n’est pas comprendre, le savoir-faire technique n’est pas une connaissance.
    Galilée aurait fait descendre le monde parfait des Idées de Platon dans notre monde sensible : la roue de mon vélo ne serait qu’une imparfaite reproduction dans le monde réel du cercle parfait. Derrière le monde de l’expérience, le monde des apparences, il faudrait retrouver le monde exact, mathématisable. Ce faisant on substitue un monde rationnellement, mais artificiellement, reconstruit au monde de l’expérience, le « monde de la vie » (Lebenswelt).


    Pourrait-on au moins espérer que la sophistication des sciences galiléennes nous permette peu à peu de mieux appréhender le monde réel, de mieux comprendre, ce « monde de la vie » ? Nicolas de Cues, au quinzième siècle, montrait qu’un polygone inscrit dans un cercle finissait par se confondre avec lui quand on augmentait indéfiniment le nombre de ses côtés. A la fin du XIXéme siècle, beaucoup croyaient la Science achevée. Il n’en était rien. Loin de là. C’est la physique moderne, relativité einsteinienne et PQ, qui prouvèrent le contraire. Mais est-ce là une connaissance au sens où l’entendait Husserl, une compréhension de la réalité du « monde de la vie » ? Certes non : plus on en apprend et moins on comprend. Par exemple la non-localité, incontestablement prouvée en PQ1 défie notre entendement. Plus généralement les notions d’espace et de temps, telles que nous les vivons et les comprenons, perdent de leur cohérence. Plus on apprend moins on comprend donc : comment sortir de cette aporie sans divaguer dans les méandres d’une métaphysique douteuse ou d’une mystique discutable2 ?

    Il faut sans doute réviser notre représentation du monde. Déjà Platon dans son allégorie de la Caverne représentait les humains comme des êtres enchaînés ne percevant du monde que les ombres qui se projetaient sur les parois de leur lieu d’enfermement. Tout dépend donc de notre perception de ce monde. Comme l’a montré le biologiste Jakob von Uexkül chaque être vivant a sa propre représentation, son Umwelt (il travaillait sur les tiques !)3. Imaginons une expérience d’esprit comme les aiment les physiciens : un être vivant doté d’une grande intelligence mais privé de sens de la vue : animaux souterrains ou cavernicoles (tiens, tiens !). Pour lui la vitesse indépassable de transmission de l’information ne serait plus celle de la lumière mais celle du son. De quoi modifier sa conception de la causalité, les dégâts de la foudre se produisant avant la réception du signal sonore. Nous manque-t-il un sens dans notre univers propre, dans notre Umwelt ?
    La question se pose pour ce qui concerne notre perception de l’espace et du temps.
    Déjà pour Kant l’espace et le temps ne sont pas des attributs des choses mais des « formes a priori de la sensibilité humaine », grâce auxquelles la recherche et l’expérimentation sont possibles (« Critique de la raison pure »). Dans cette problématique il semble alors évident que, lorsqu’on trouve moyen de développer cette sensibilité, grâce à l’instrumentation scientifique par exemple, on aboutit à de nouvelles représentations de ces formes. Est-ce à dire que cette représentation est la représentation ultime ? On obtient seulement une nouvelle image de la réalité.
    Si l’on en croit Heidegger4, il existe une « différence ontologique » fondamentale entre l’Etre et les étants, c.-à-d. les choses qui sont (les objets) ou qui sont en train d’être (l’être humain est un étant particulier, le Dasein). L’étant est généré à partir de l’Etre, par une donation de celui-ci (la déclosion). Il y a donc chez Heidegger l’idée d’une actualisation à partir d’une virtualité contenue dans l’Etre5. Ne trouve-t-on pas aussi cette idée dans la PQ ? On la retrouve aussi dans la théorie des catastrophes et dans bien d’autres disciplines scientifiques. L’Etre est sans mesure, infini, a-temporel, déconnecté des étants qu’il génère, qu’il fait ex-ister.
    Si cette conception est recevable, alors il serait vain de vouloir tenter de connaître la nature de l’Etre : on ne peut appréhender que les étants qu’il nous offre. L’espace, le temps que nous connaissons ne seraient donc que certaines actualisations de ses virtualités.
    C’est ainsi qu’aujourd’hui les physiciens s’interrogent eux-mêmes très sérieusement : le temps et l’espace existent-ils ? (voir par exemple
    http://www.implications-philosophiques.org/implications-epistemologiques/lespace-et-le-temps-existent-ils/ ).
    Alors de grâce cessons cette guéguerre du « plus scientifique que moi tu meurs ! ».


     

    1 Une particule interagit instantanément avec sa jumelle quelles que soient les distances qui les séparent.

    2 Mysticisme initié notamment par Fritjof Capra (Le Tao de la physique, 1975 ;1985 en traduction française).

    3 D’autres auteurs ont émis l’hypothèse de qualia, des propriétés perceptives variant d’une espèce à l’autre et même d’un individu à l’autre. Mais peu importe.

    4 Je n’ai pas de sympathie particulière pour ce philosophe, nazi non repenti, et dont certaines prises de position sur la science (« la science ne pense pas ») me dérangent un peu. Mais il est devenu une référence indiscutable.

    5 De là vient la critique fondamentale d’Heidegger à l’encontre de la technique moderne, qu’il accuse d’abuser de la générosité de la Nature en substituant au mode de pro-duction le mode de pro-vocation

     


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  • par Jean-Jacques

    1er juillet 2020

     

    Il n'est pas d'usage, au Café-Débat, de parler de politique. Je voudrais cependant aborder ici cette question de manière détournée, en commençant par vous raconter une petite anecdote.

    En Alsace, un cousin éloigné est maire de son petit village (600 habitants) depuis 2014. Il vient d'être réélu en mars, sans étiquette. Peu après son élection, il a reçu d'un grand parti de droite un appel téléphonique dans lequel on lui demandait, après quelques précautions d'usage, si, malgré son positionnement sans étiquette, il se sentait plutôt de droite ou de gauche. Il a répondu qu'il avait été élu pour gérer la municipalité, pas pour faire de la politique. Son interlocutrice a insisté, arguant du fait que dans un tract de campagne il affichait un programme d'action très voisin des objectifs du grand parti de droite en question. Un peu énervé, il lui a demandé en quoi cela l'intéressait, et elle a fini par cracher le morceau : elle interrogeait tous les maires « sans étiquette », pour leur demander s'ils voyaient un inconvénient à se dire de droite, même sans l'afficher publiquement, ce qui permettrait à l'antenne alsacienne du Grand Parti de dire en toute honnêteté à la presse qu'en Alsace, la majorité des maires étaient de droite, à part Strasbourg, curieuse petite île verte dans un océan de bleu...Il a bien sûr refusé, tout en lui posant la question de fond : « D'après vous, quelle est la différence entre la droite et la gauche ? Et le Centre ? » Grand silence à l'autre bout du fil... Cette remarque n'était pas prévue, la discussion s'est arrêtée là.

    Après réflexion, j'ai cherché à répondre moi-même à la question que mon petit cousin a posée, et je m'aperçois que ce n'est pas si évident que ça. Alors je vous la pose : sans regarder Wikipedia ni Google ni Qwant ni rien du tout, dites quelle est, selon vous, la différence essentielle ou fondamentale entre Gauche, Centre, Droite dans une démocratie prônant les « valeurs républicaines » ?

     


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  • par Pierre MARSAL

    Aujourd’hui, mardi 2 juin 2020, à midi, doit sortir en France l’application numérique StopCovid, destinée à repérer la circulation du virus dans la population.

    Une grande première ? Pas si sûr : on ne fait que reproduire le système des crécelles qui, au Moyen-Age, avertissaient les populations du passage de personnes infectées par la peste ou la lèpre.

     En fait cette pandémie nous fait redécouvrir des gestes et de coutumes ancestrales. A se demander si l’on ne cherche pas plus à reproduire des rites sociaux que de viser l’efficacité.

     On peut en effet reprendre une à une toutes ces mesures et les comparer avec les pratiques du passé.

    - Les masques ? Nous avons tous vu ces curieuses gravures représentant les médecins et les apothicaires de ces temps reculés, portant de curieux masques en forme de becs d’oiseaux, emplis de substances susceptibles de détruire les miasmes pestilentiels (vinaigre, onguents, herbes diverses, thériaque galénique et même poudre de peau de vipère !).

    - Le confinement social : il était depuis longtemps utilisé contre les épidémies, même les épidémies de la pensée : ainsi Spinoza, maudit pour ses idées par sa communauté, fut interdit d’approche à moins de 4 coudées de lui (environ 2 mètres). Pour les personnes physiquement atteintes furent créés les lazarets. A notre époque moderne on utilise les centres de vacances ou les hôtels. Petit progrès tout de même : on est passé de la quarantaine à la quatorzaine. Ça a au moins enrichi le vocabulaire !

    - La ségrégation : ce sont évidemment toujours les autres les coupables. Jadis c’étaient les Juifs. Aujourd’hui ce furent d’abord les Asiatiques à être suspectés, mais aussi tous les passeurs de frontière. Mais aussi des voisins qui, pour une raison ou une autre, auraient pu être des vecteurs du mal (certaines infirmières furent victimes de vindicte de voisinage).

    - Les tests : aujourd’hui on utilise des écouvillons. Jadis on détectait les sorcières de façon analogue en enfonçant sur toutes les parties du corps des pauvres femmes suspectées – sur simple dénonciation -- de commerce avec le Diable, de longues aiguilles métalliques. Si elles ne saignaient pas ou ne ressentaient aucune douleur c’est qu’elles étaient protégées par le démon. Alors on les brûlait.

    Une seule chose est proscrite : plus de processions de pénitents. Mais il reste Internet pour permettre une expression collective d’inquiétudes individuelles.

     

     


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