• Que veut le virus ?

    Pierre MARSAL

    24 octobre 2020

     

    Ce qu’il y a peut-être de plus étonnant dans cette pandémie de Covid-19 qui est en train de bouleverser la santé, l’économie, la société humaine planétaire, en bref tout notre écoumène, c’est que personne ne s’interroge plus avant sur son responsable, le SARS-CoV-2.
    Quoi ! Une petite bricole, de quelques dizaines de nanomètres, de structure très élémentaire, incapable de se déplacer par ses propres moyens, cette petite chose serait capable sinon de ruiner, du moins de mettre à genoux une puissante civilisation d’êtres organisés et intelligents ! Elle nous tomberait dessus par hasard comme la tuile d’un toit ? Et de se gargariser de poncifs « petite cause, grands effets ».
    C’est trop simple.
    Osons une provocation : et si le virus était porteur d’un projet ? Celui de croître et de se multiplier. Après tout Spinoza nous a appris que toute chose qui existe possède un conatus. C’est-à-dire qu’elle s’efforce « à persévérer dans son être ». Cette puissance propre à tout étant est particulièrement notable chez les êtres vivants : leur métabolisme garantit leur survie individuelle, leur reproduction assure la pérennité de leur espèce, leurs mutations permettent l’adaptation de celle-ci à des conditions de milieu changeantes. C’est bien ce qui se produit avec les virus.
    La question de savoir si un virus est un être vivant ou non aujourd’hui a perdu de sa pertinence. Les plus récentes découvertes de la biologie obligent à réexaminer la définition du vivant : il n’y a pas de frontière marquée entre vie et non-vie. Ainsi les virus se comportent-ils tout comme les parasites vivants qui ont besoin d’être hébergés dans d’autres vivants pour croître et se multiplier. Ainsi trouve-t-on des virus géants comme le Mimivirus et surtout le Pandoravirus bien plus gros et complexes que bien des bactéries vivantes.
    Cette constatation laisse à penser que les virus seraient une autre branche de l’organisation de la matière, très tôt intervenue à côté des autres branches qui constituent ce qu’on a coutume de qualifier de « vivant ». Incidemment cela pose des questions quasi métaphysiques comme de s’interroger s’il n’y aurait pas d’autres formes possibles, inconnues sur notre Terre. D’autres « vivants ». Si elle est confirmée la découverte de phosphine, gaz produit sur terre par des bactéries, dans la haute atmosphère de Vénus, pose cette question.
    Le conatus des êtres vivants intrigue les philosophes. Certains l’expliquent par l’intervention d’une cause finale : c’est la téléologie d’Aristote, souvent religieuse même si elle se veut scientifiquement fondée comme chez Teilhard de Chardin et son point Oméga. Mais cette explication est trop finaliste. Des scientifiques, darwinistes ou matérialistes comme Jacques Monod préfèrent évoquer la téléonomie (1) : il n’y a pas de cause finale, pas de Dessein intelligent, mais l’illusion d’une convergence dans la mesure où de mêmes causes provoquent des effets similaires1. Pour Bergson, la cause n’était pas finale mais initiale : c’est l’élan vital (métaphore du vent qui s’engouffre dans un carrefour).

    Qu’importe si l’existence, l’émergence, l’évolution du (des) virus s’analyse dans l’un ou l’autre de ces registres d’explication. Toujours est-il qu’on est bien obligés de s’interroger. Ce serait le degré zéro de la réflexion que de penser que « c’est la faute à pas de chance » ou que « c’est comme ça parce que c’est comme ça ». A l’autre extrême on pourrait invoquer une punition divine ou encore une intentionnalité du virus c’est-à-dire un acte de cette entité constituant une intelligence collective.
    Mais je dois lire trop de livres de SF !

     

    (1) La téléologie est une croyance. Croyance qu'il existe des causes finales (télos) : « c'est Ecrit ». La téléonomie est une métaphore : tout ce passe comme si. La première est de l'ordre du religieux, la seconde du scientifique. En fait la téléonomie est à la téléologie ce que astronomie est à l’astrologie.

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  • Commentaires

    1
    Samedi 24 Octobre 2020 à 18:15

    Enfin un article qui sort quelque peu des sentiers battus ! Oser des hypothèses sortant du "biologiquement ou scientifiquement  correct" comme disent certains, ce n'est pas si courant, d'autant que faire appel à la science fiction pour défendre des idées avancées n'est généralement pas considéré comme sérieux. Même si la CIA et certains organismes de prospective épluchent depuis des années la littérature de SF pour trouver des idées originales à développer, dire "ton idée c'est de la SF" équivaut encore aujourd'hui à traiter de rigolo celui qui l'exprime. Pourtant, souviens toi des bouquins de Jules Verne, prophète avant l'heure ! Alors, des idées aussi variées et étranges que celles du virus téléonomique, du gène égoïste, de Gaïa notre Terre vivante, de la noosphère de Teilhard, de l'inexistence du temps et surtout toutes les interprétations de la physique quantique, sont fascinantes et pourtant au-delà parfois de ce que la SF elle-même a pu imaginer. Et pourtant sérieuses, ne serait-ce que comme hypothèses de travail.

    Un point tout de même : le titre de ton papier. Laisser entendre que le virus "veut" quelque chose, c'est conforter l'idée que le virus "pense" et qu'il cherche à nous faire mal, même si ton explication téléonomique qui suit est claire. Bien sûr, ce n'est qu'une façon de parler, mais il faut être attentif à ne pas propager l'idée anthropomorphique que le virus pourrait être comme nous, alors que ce n'est qu'un amas de protéines dont l'impact sur notre organisme peut être néfaste. Provocante l'idée que le virus serait porteur d'un "projet" ? Non, sauf qu'il ne faut pas appeler cela un projet. Encore une notion humaine qui ne s'applique pas aux éléments les plus basiques de la vie et qui risque de pousser à croire à une finalité qui n'existe pas. Ce n'est pas pour autant que c'est le hasard qui est à l'origine de tout, même s'il intervient : le néodarwinisme est une théorie scientifique, et au même titre que la physique quantique, le hasard y tient une place prépondérante.

    2
    Pierre M.
    Lundi 26 Octobre 2020 à 11:21

    Qu’est-ce que « penser », qu’est-ce que « vouloir », « projeter » ?

    Cela mériterait tout un débat qu’on n’ouvrira pas ici. On peut tout de même se demander si la phrase de Pascal « Mais qu’est-ce donc que je suis ? Je suis une chose qui pense » (Méditation seconde) ne peut pas s’appliquer à d’autres « choses ». Aux animaux : mon chien pense-t-il ? En tout cas il rêve, c’est flagrant. Jadis on l’aurait tenu pour une simple machine (Descartes, La Mettrie). Aujourd’hui on découvre dans d’autres « choses » des propriétés qu’on n’attribuait qu’aux êtres humains : ainsi « l’intelligence des plantes » (Stefano Mancuso). Le poète, Lamartine en l’occurrence, découvre une âme dans les objets inanimés.

     

    Bien sûr, d’un strict point de vue scientifique, on ne peut pas qualifier un objet, un événement, si l’on ne donne pas une définition précise à ce qualificatif et si l’on n’en apporte pas la démonstration. Alors ce type d’affirmation s’apparente plutôt à une métaphore : « tout se passe comme si » (ce serait plutôt une catachrèse mais ça fait un peu pédant). C’était bien le sens de mes propos, car jamais je ne  pourrai, ni moi ni personne, prouver que ce collectif viral est une matière pensante. Ni le contraire d’ailleurs. Il en va de même pour le terme « projet » : ce n’est pas sur lui qu’il faut se focaliser (la lumière se projette bien et un projecteur de cinéma, sauf erreur, est dénué de conscience) c’est sur l’existence ou non d’une intentionnalité. Comment le savoir ? Y a-t-il intentionnalité dans le conatus de Spinoza ?

     

    Maintenant la science-fiction. Jean-Jacques dit vrai. Il faut ajouter que certains grands scientifiques comme Hugh Everett, promoteur de la théorie – non vérifiée et non vérifiable – des univers multiples, était un grand amateur de SF. D’autres, plus ou moins connus dans leurs disciplines, comme Arthur Clarke, Gregory Benford, écrivirent des polars de SF. J’en oublie sans doute.

     

    Il n’y a rien d’étonnant à cela. Il n’y a pas qu’une seule voie pour lire le monde qui nous entoure. Il n’y a pas que la Mathématique ou la Science. Il y a aussi, d’une façon plus générale, ce que les Grecs (Aristote, Platon) désignaient sous le nom de poïésis, la création, opposée à la praxis l’action. Elle englobe les scientifiques certes mais aussi tous les créateurs intellectuels : tous poètes !

     

    Il est vrai que les poètes – au sens large – ont aussi des « antennes » qui leurs permettent de capter les possibilités du présent et du futur. C’est ce que certains qualifieraient de clairvoyance : la clairvoyance d’un Paul Valéry sur l’avenir sur de nos civilisations, d’un Malraux sur la prégnance du fait religieux ; les mises en garde d’un René Barjavel ou d’un Robert Merle sur les ravages potentiels de dysfonctionnements de nos sociétés modernes.

     

    Et n’oublions pas la « Guerre des Mondes » ce livre dans lequel H. G. Wells montre comment nos braves microbes terrestres nous sauvent de l’invasion de tout-puissants martiens. Ecrit il y a plus d’un siècle !

     

     

     

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    3
    daniel
    Lundi 26 Octobre 2020 à 14:48

    Pierre tu nous proposes ton texte ‘Que veut le virus ?’ avec des notions qui me conduisent à des recherches pour les expliciter.

    Pour faire court, ‘intentionnalité’, si je consulte le Larousse : aptitude psychologique à se donner un objet, un projet. Du coté Wikipédia : pour Hurssel, la caractéristique de la conscience d’être toujours dirigé vers un objet.

    Pour moi, je prends la racine ‘intention’, qui correspond à un projet d’acte envers une personne, un objet, une chose …, exemples :

                    J’ai l’intention de vous faire un cadeau ;

                    J’ai l’intention de jeter cette casserole ;

                    J’ai l’intention de faire du ski cet hiver ;

                    J’ai l’intention de prendre ma retraite.

    Donc cela est prémédité, réfléchi ou pas, mais pas spontané, exemple dans le cas de freinage d’urgence on n’a pas l’intention de freiner, on a l’intention de rester en vie.

    Ceci dit, j’en viens à différentes remarques et questions que tu nous livres dans ton texte :

    1-      « Personne ne s’interroge plus avant sur son responsable » ;

    2-      « Ce serait le degré zéro de la réflexion que de penser que c’est la faute à pas de chance, ou parce que c’est comme ça parce que c’est comme ça » ;

    3-      « on pourrait invoquer une punition divine » ;

    4-      « une intentionnalité du virus, c'est-à-dire un acte de cette entité constituant une intelligence collective ;

    5-      « et si le virus était porteur d’une intentionnalité ? ».

    Si l’on prend le contraire d’intention, ce pourrait être la conséquence d'une cause non voulue, d’un effet non prévu, invisible, par exemple, si l’on examine l’hypothèse décrite dans la revue top santé du 21/10/2020 : https://www.topsante.com/medecine/maladies-infectieuses/zoonoses/permafrost-virus-fonte-siberie-639162

                    « Pourquoi la fonte du permafrost fait craindre l’apparition du virus ? »

    Ce pourrait être une hypothèse plausible, dont la cause est un phénomène inexpliqué d’un changement d’état et/ou de milieu, d’un élément non visible qui redeviendrait à l’air libre, et selon l’article :  "une bombe à retardement virale et bactérienne". ?

    Il y a d’autres références qui montrent que la recherche de l’origine du virus continue, exemple article Libération du 12/09/2020, interview du docteur Li Meng Yan :

    https://www.liberation.fr/checknews/2020/09/17/que-sait-on-de-la-virologue-li-meng-yan-qui-affirme-que-le-covid-19-vient-d-un-laboratoire-de-wuhan_1799734

    Une virologue chinoise dit détenir les preuves que le nouveau coronavirus a été créé dans un laboratoire chinois. Exilée aux Etats-Unis, la scientifique est particulièrement proche de l’administration Trump.

    «Ce virus n’est pas d’origine naturelle»

    Quant à l’intentionnalité du virus, à part qu’il s’installe dans le corps humain pour être hébergé, je n’ai pas la connaissance pour réponse à ta question, d’autant qu’une autre question en découle : le virus a-t-il une conscience, puisque certains philosophes considèrent que pour avoir intentionnalité, il avoir une conscience ?

    Nota : dans un autre domaine il y a un phénomène peu expliqué, une protéine nommée kinase arrive dans le sang comme intrus, et déclenche automatiquement le système immunitaire, les lymphocytes prolifèrent, ce qui perturbe la composition du sang. Les médecins mentionnent que c’est dû à une mutation génétique (changement d’état), mais d’où vient le phénomène de mutation génétique ?

    Il y a des traitements pour juguler la maladie, mais le système immunitaire est quasiment anéanti.

    Il y a donc plusieurs phénomènes sur laquelle la recherche à encore du travail, elle en a l’intention.

     

    4
    Pierre M.
    Lundi 26 Octobre 2020 à 18:44

    Quelques brèves réactions à cet intéressant commentaire. Je remarque au préalable que – sauf le premier point – elles concernent la question de l’origine des virus et autres perturbations qui affectent notre humanité, plus que le devenir de ceux qui existent. Ce qui était dans le titre, provocateur « que veut le virus ? ».

     

    1) Il ne faut pas trop vouloir déduire le concept d’intentionnalité du substantif intention. Pour Husserl, dont c’était la base de la problématique, l’intentionnalité c’est  « la particularité de la conscience d’être consciente de quelque chose ». Il précise même que c’est la faculté du cogito cartésien qui porte son cogitatum en elle-même. Un des premiers écrits d’Husserl fut en effet ses « Méditations cartésiennes ».

     

     2) Il y a longtemps qu’on s’interroge sur les conséquences du dégel des pergélisols. 

    Aujourd’hui on en pointe les aspects négatifs : dégagement de méthane augmentant les gaz à effet de serre (GES) et donc accélérant de façon exponentielle le réchauffement climatique, émergence de micro-organismes pathogènes (bactéries, virus « endormis »). D’autres avaient mis en avant les aspects positifs : accès à de nouvelles ressources minières, augmentation de la surface des terres cultivables pour les besoins d’alimentation d’une population mondiale croissante. Le bilan reste à faire. 

     

    3) Faut-il que nous soyons relais de théories du complot non avérées ? On n’en sait rien, mais une rumeur qui enfle finit par donner une consistance à n’importe quoi.

     

    4) On ne voit pas très bien le lien de la question posée dans cet échange avec les mutations des kinases. Certes ces substances protéiniques sont des enzymes, des catalyseurs, qui contrôlent la plupart des processus biologiques. Ce sont des sortes de clés qui ouvrent ou qui ferment les portes des usines et des machines de notre métabolisme. Une mauvaise clé, une fausse clé, une serrure ouverte alors qu’elle devrait être fermée (ou réciproquement), et c’est la catastrophe. Effectivement une mutation peut être à l’origine de telle catastrophe. Et des mutations il y en a sans cesse, ce n’est pas un mystère : une séquence génétique mal recopiée lors de la division et de la réplication cellulaire. Plusieurs dizaines de milliers de cellules de notre corps subissent des mutations chaque jour. Heureusement il existe des systèmes de réparation et toutes les mutations ne sont pas graves. Mais parfois la réparation se fait mal et c’est la catastrophe (cancer ou autre).

    Je ne vois donc pas le sens de la question « d’où vient le phénomène de la mutation génétique ? »

     

    5
    daniel
    Vendredi 30 Octobre 2020 à 08:30

    je voulais simplement attirer l'attention sur les phénomènes de mutation, qui pour certains sont connus et expliqués, d'autres non, et prennent au dépourvu même les experts, d'ailleurs à propos d'experts pris au dépourvu, la montée exponentielle de la reprise de la crise du corona en est un exemple actuellement.

    comme quoi, nous sommes impuissants sur différents sujets et loin de tout maîtriser.

    nota: il y a encore quelques moi on parlait d'intelligence artificielle, nous parlions d'Hommes réparés et d'Hommes augmentés,les spécialistes et leurs prédications laissaient à penser une vie bien au delà de 100 ans, le corona ne remettrait-il pas en question ces prédications ?

    c'est un des enseignements mis en évidence de mon point de vue, et si c'était l'intentionnalité du virus ?

      • Jean-Jacques
        Vendredi 30 Octobre 2020 à 17:03

        Un homme augmenté qui résiste bien au Covid19 après l'âge de 100 ans, c'est comme le blé OGM qui résiste au glyphosate.

      • Pierre M.
        Vendredi 30 Octobre 2020 à 18:27

        1) Toujours ce contresens sur le terme d’intentionnalité.

        2) Il ne faut pas mettre tout sur le compte des mutations toujours aléatoires. Le milieu y est pour beaucoup. Voir le tout récent rapport de l’IPBES (Plateforme intergouvernementale scientifique et politique sur la biodiversité et les services écosystémiques) qui prévoit des pandémies plus fréquentes, plus meurtrières et plus coûteuses si l’on ne change pas de politiques. Il préconise de réduire les activités humaines ayant un impact sur la biodiversité et de faire porter l’effort sur la prévention.

        https://ipbes.net/pandemics-marquee

    6
    daniel
    Vendredi 30 Octobre 2020 à 18:59

    pour tenter de voir si les recherches de l'origine du covid sont toujours actives, j'ai trouvé ce lien très intéressant, une fois le lien ouvert, voir à la date du 27 octobre 2020 notamment.

    https://www.cnrs.fr/fr/cnrsinfo/coronavirus-sur-le-front-scientifique

    il y a à la fin de l'article les mots clefs.

    personnellement au cours de la lecture j'ai noté: protéine Spike, mutation, recherche hote intermédiaire, outils performants mais risques démultipliés.

    je n'affirme pas avoir tout compris la totalité.

    par ailleurs en fonction de la remarque de Jean Jacques, si l'homme augmenté résistait au covid, je pense que sauf erreur de ma part, soit que ce ne serait plus un homme mais un ensemble tout autre de mécaismes, logiciels etc, soit que ce serait un homme à qui on aurait greffé un ordinateur et des logiciels, mais dans ce dernier cas pourquoi l'IA hors de l'homme augmenté ne fournirait-elle pas les solutions ?

    ce que je voulais mentionner, c'est que dans la situation actuelle du virus, je ne vois plus d'article concernant l'homme augmenté, et que les attentes ont changées de priorité.

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